Symposium de Roupeyraque 2023

symposium

Sculpture pour le 1er symposium de Roupeyrac


Sur le thème : « Aux Moulins de Roupeyrac; François FABIE et son œuvre »
La sculpture s’appelle La Grand’salle du nom du poème de François Fabié.
Elle tente d’illustrer ce poème, la façon est assez simple, et on peux voir une forme
de nostalgie que je ressent dans l ‘écriture des vers et textes du poète François
Fabié.
Nostalgie de son enfance et aussi d’une France qui change politiquement et
religieusement.
Voici donc son poème :


LA GRAND’SALLE
QUEL univers pour des marmots que cette salle,
La grand’salle enfumée où tout est noir : les murs,
Les poutres supportant la saucisse en spirale,
Les saindoux, les jambons, comme de grands fruits mûrs,
Et l’âtre où chante la marmite colossale !


Que de jeux on peut jouer en liberté
Quand le père est dehors et la mère indulgente,
Bien à l’abri,l’hiver, bien à l ‘ombre, l’été !
Jeux dont les noms ont fui ma mémoire indigente,
Mais dont le charme intime en mon cœur est resté !


Luttes avec le chat qui gronde, souffle et crache ;
Courses sans fin autour de la table, debout,
A quatre pattes ; chocs brusques où l’on se fâche,
Lentes processions, psaumes, sermons au bout,
Recherche du brigand qui dans les coins se cache…


Et la vaste marmite au ventre rebondi
Nous offrait à foison de tièdes écuellées,
Et le profond tiroir, sous un couteau hardi,
Des tranches de pain brun, aigres,dures,brûlées,
Mais que nos dents croquaient comme sucre candi.


Et les jeux reprenaient, les horions, les larmes,
– Mais des larmes d’enfants,c’est du givre au soleil !
Tout à coup un pas lourd éteignait nos vacarmes :
Notre père rentrait ! Devant le feu vermeil
Laboureurs en sabots et braconniers en armes


S’asseyaient, attendant la soupe. Et nous, chétifs,
Nous ne comptions plus guère;au bas bout de la table,
Par rang d’âge et de taille on se glissait, furtifs …
Puis venait au dessert le bon marchand de sable,
Et notre mère nous couchait, doux et plaintifs.


Alors la salle entière aux grands était livrée ;
Des voix fortes montaient et des rires bruyants,
La pinte au vin versait la joie à la verrée,
Les mots salés partaient faisant les yeux brilants,
– Hors ceux de notre mère en son rêve rentrée,


En son rêve mystique et doux où, chaque fois
Que les grossiers labeurs lui laissaient une trêve,
Elle se replongeait comme l’oiselle au bois,
– Âme tendre blessée aussi souvent d’un glaive
Que celle qui suivit son fils jusqu’à la croix !


Puis l’ombre reconquiert la salle, et le silence.
Et le sommeil…Un seul reflet du feu mourant
Frappe la vitre où le balancier se balance,
de son compas égal comptant et mesurant
Les heures qu’au repos donne sa vigilance ;


Tandis qu’un gazouillis discret et cristallin,
Bruit d’eau vive coulant dans l’épaisse muraille
Et qui rappelle, en bas dormant, le vieux moulin,
Berce tous nos chasseurs qui ronflent, et les raille
Jusqu’à l’aube de son rire frais et malin.

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